Agde – Vieille ville

Agde, Agadès, Languedoc

L’antique cité d’Agde est remarquable par sa cathédrale romane fortifiée et ses murailles bâties en pierres volcaniques noires (basalte) qui donnent à ces édifices une certaine majestuosité grave.

Ces murailles portent justement un écu, gravé dans la pierre, qui représente les armes de la ville ; on peut y observer quatre fasces ondées. Cette pierre aurait été placée ici au mois d’octobre 1562 pour commémorer la récente victoire des protestants sur une armée royale venue faire le siège de la ville (wikipedia). Cependant le style de l’écu et de la gravure semble plus appartenir aux 14e ou 15e siècle, et nous avons peut-être affaire ici à un remploi.

Les armoiries traditionnelles de la ville d’Agde, enregistrées en 1697 dans l’Armorial Général de France de Charles d’Hozier, se blasonnent ainsi : « d’or à trois fasces ondées d’azur » (image extraite de AGF, vol.14, Languedoc 1, p.400 (sorga Gallica).

Pourtant elles sont attestées depuis au moins le début du 14e siècle avec le sceau des consuls de la ville qui présentait une bannière à trois fasces ondées en 1303 (photo extraite de Corpus des sceaux des Archives Nationales Tome 1, B.Bedos, 1980, n°8) .

Elles se rencontrent sur l’ensemble des plaques bilingues des noms de rues mais aussi sur un vitrail contemporain de l’église Saint-Sever d’Agde.

Enfin, les mêmes armoiries sont figurées sur la clé de la grande fenêtre d’une ancienne maison située 7 rue Jean Roger.

La pierre gravée porte un écu « fascé ondé de huit pièces » encadré par la date 1617. Nous savons que le nombre de pièces, comme les fasces, figurant dans les armoiries était variable d’aune représentation à une autre. Ce sont surtout les héraldistes modernes qui ont fixé définitivement leur nombre à l’occasion de la création de grands armoriaux universels comme celui d’Hozier. il n’est donc pas étonnant de rencontrer les armoiries de la ville d’Agde avec un nombre variable de fasces ondées dans le champ de l’écu.

Pour terminer notre tour du patrimoine héraldique de la ville, nous signalerons la présence, dans l’entrée de la cathédrale, d’un vitrail orné des armes du dernier évêque que connut Agde avant son rattachement au grand évêché de Montpellier. Il s’agit de Charles-François-Siméon Vermandois de Saint-Simon de Sandricourt qui mourut guillotiné le 26 juillet 1794 à Paris. Ce vitrail semble avoir été posé au 19e siècle en hommage à ce prélat.

Ses armoiries présentaient un « écartelé aux 1 et 4 de sable à la croix d’argent chargée de cinq coquilles de gueules, qui est de Rouvroy Saint-Simon, aux 2 et 3 échiqueté d’or et d’azur au chef de France, qui est de Vermandois ». L’écartelé apparaît ici inversé du fait qu’il soit figuré par transparence sur un vitrail. L’illustration ci-dessous montre les armes authentiques de ce prélat de la fin de l’Ancien-Régime.

(wikipedia)

Si la présence de la crosse et de la mitre épiscopales est normale, la cordelière à dix houppes du chapeau est normalement le signe d’un archevêque, rang ecclésiastique que François de Rouvroy de Saint-Simon n’eut jamais. La cordelière d’un chapeau d’évêque ne porte normalement que six houppes et nous ne connaissons pas la raison d’avoir fait figurer cet insigne ainsi. Quant à la couronne posée sur l’écu, elle nous informe que l’évêque d’Agde était comte (ou plutôt vicomte) de cette cité depuis la donation du fief par le comte Raimond V de Toulouse suivie de l’abandon de la seigneurie par le vicomte Bernard-Aton en 1187 (Sur tout ceci, voir A.Castaldo, l’Eglise d’Agde Xe-XIIIe siècle, PUF, 1970, p.57-77)

Olivier Daillut-Calvignac

Toutes les photos sont de l’auteur sauf mention contraire.

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