Décrire un blason avec les mots qu’il faut.

Dessiner un blason ? Il suffit de quelques connaissances de base et d’un peu de pratique ; mais le décrire ? Le décrire avec les mots qu’il faut ? dans ce langage un peu étrange qu’est la langue du blason ? Mais est-elle vraiment si obscure, si difficile, si incompréhensible, cette langue du blason ? Pas si sûr… De plus, comme ce blog est dédié à l’héraldique des pays d’Oc, on ne s’interdira évidemment pas d’y inviter notre langue. En essayant, tout de même, de ne pas trop se compliquer la vie. On y va ? Ou plutôt : i anam ?

L’ÉCU : on le connait plus communément sous le nom de blason mot qui, en réalité, désigne la description de l’écu et non l’écu lui-même. Cet écu en forme d’ogive renversée n’est d’ailleurs qu’un convention et rien n’empêche de dessiner des armoiries à l’intérieur d’un périmètre différent : carré, rectangle, losange, ovale, etc. Nous nous en tiendrons néanmoins à cette convention puisque cette forme d’écu se retrouve partout en France.

Tout écu est composé d’un champ c’est-à-dire d’une surface plane sur laquelle peuvent prendre place une ou plusieurs pièces ou figures. Si ce champ est d’une seule couleur et ne comporte aucune pièce, on le qualifiera de plain, qui signifie uni, sans relief, donc : nu. Un écu se présentant comme une surface jaune sans aucune pièce dessus sera blasonné, c’est-à-dire décrit, comme étant D’OR PLAIN (figure 1). La langue du blason donne effectivement aux couleurs — qu’elle qualifie d’ÉMAUX — d’autres noms que ceux que nous employons habituellement et distingue les métaux (or et argent, soit le jaune et le blanc) des couleurs proprement dites : le bleu prend le nom d’azur, le rouge celui de gueules, le vert s’appelle sinople et le noir sable.

Figure 1

      Il existe en outre une couleur nommée pourpre correspondant à un rouge violacé,  d’un usage peu fréquent, et deux fourrures : le vair et l’hermine, dont nous parlerons plus loin. Vair, sable, or ou azur sont donc autant d’émaux.

On aura compris que si l’écu de la figure 1 était d’un autre métal ou d’une autre couleur, on le blasonnerait D’ARGENT PLAIN, D’AZUR PLAIN, DE GUEULES PLAIN, etc.

Et si on le décorait un peu, cet écu ? Si on posait sur cette grande surface vide une pièce ? Par exemple une fasce ? C’est une pièce délimitée par deux traits horizontaux sur toute la largeur de l’écu et qui occupe environ le tiers de la surface du champ (figure 2). L’écu, qui était entièrement plat jusqu’à présent, a maintenant un relief : celui de la fasce dont vous venez de charger son champ. Une fasce que vous pouvez  qualifier de gueules, puisque maintenant vous connaissez le nom des couleurs héraldiques… ou plutôt des émaux.

Figure 2

Cette fasce, on pouvait la choisir d’une autre couleur ? Oui, mais à condition de respecter une des règles fondamentales de l’héraldique : pas de métal sur métal ni de couleur sur couleur. En clair sur une surface d’or pas de pièce d’or ou d’argent; sur une surface d’argent pas de pièce d’argent ou d’or.

De même sur une surface de gueules, pas de pièce d’azur, de sinople ou de sable. Notre fasce de gueules (couleur) posée sur une surface d’or (métal) se conforme strictement à la règle. Nous pouvons donc blasonner cette figure 2 : D’or à la fasce de gueules.       Suivant le même principe, vous pourriez dessiner un écu d’azur avec une fasce d’or, un écu d’argent avec une fasce de sinople, ou de sable, etc…

Mais, cette fasce, on peut aussi la charger d’une autre pièce ? Bien sûr que oui. Tenez, par exemple, ce besant d’argent posé sur notre fasce de gueules (figure 3) est du plus bel effet tout en respectant lui aussi notre règle des couleurs : un champ de métal, chargé d’une fasce de couleur, elle-même chargée d’un besant de métal. Le besant a pour particularité d’être toujours de métal (or ou argent); c’était à l’origine le nom d’une monnaie byzantine. Nous blasonnerons ici : D’or à la fasce de gueules chargée d’un besant d’argent. Ou en occitan > D’aur a la faissa de vermelh (ou de golas) cargada d’un besant d’argent.

Figure 3

Nous voilà donc en présence d’un écu à triple épaisseur, si l’on peut dire : le champ, la fasce et le besant (figure 3bis). D’où un sens de lecture — et donc de blasonnement — qui va du plus éloigné de l’œil à la pièce la plus proche de nous, un mode de lecture diamétralement opposé à notre façon d’appréhender le monde qui nous entoure.

Figure 3bis

LES PIÈCES HONORABLES

C’est un peu le gratin des pièces, celles qui doivent être citées immédiatement après l’émail du champ. Tout le monde n’est pas d’accord sur leur nombre et toutes n’ont pas la même cote à la Bourse de l’héraldique. Nous avons déjà fait connaissance avec la fasce, voici donc le chef (fig. 4), le pal (fig. 5), la bande (fig.6), la barre (fig. 7), la croix (fig. 8), le sautoir (fig. 9) le chevron (fig. 10).

On blasonnera les écus ci-dessus : d’azur au chef d’argent, d’azur au pal d’argent, d’azur à la bande d’argent et ainsi de suite pour les autres figures.

EXERCICE 1 — À partir des blasonnements ci-dessous dessinez les écus qui leur correspondent :

— De gueules au pal d’or (de vermelh al pal d’aur) — De sable à la bande d’argent (de negre ou de sable a la benda d’argent) — D’or à la barre d’azur (d’aur a la barra d’azur)

— D’or à la croix de gueules (d’aur a la crotz de vermelh) — D’argent au sautoir de sinople (d’argent al sautador de sinòple) — De pourpre au chevron d’or (de porpra al cabrion d’aur).

LES FOURRURES

Après avoir traité des métaux et des couleurs, jetons un œil sur la troisième famille d’émaux que sont les fourrures (en occ. pelissas). Elles ne sont en tout et pour tout que deux : le vair et l’hermine. Le vair est composé de clochettes d’azur et d’argent alternées (fig. 11) et l’hermine de mouchetures de sable sur un champ d’argent (fig. 12). La contre-hermine — qui est en quelque sorte le négatif de l’hermine — est composée d’un champ de sable avec des mouchetures d’argent.

Figure 11
Figure 12

La règle qui interdit de mettre métal sur métal ou couleur sur couleur ne peut évidemment s’appliquer à ces fourrures faites d’une couleur (l’azur pour le vair, et le sable pour l’hermine) ET d’un métal (l’argent pour l’une et l’autre) et rien n’interdit donc de charger un champ d’hermine d’un chef de gueules (fig. 13) ou un champ de gueules d’un pal de vair (fig. 14). Nous les blasonerons respectivement : D’hermine au chef de gueules (D’armina al cap de vermelh) et De gueules au pal de vair (De vermelh al cap de vair).

Figure 13
Figure 14

Mais revenons un instant à nos pièces dites honorables. Elles occupent en principe une surface équivalente au tiers de la surface de l’écu ou un peu moins. 

      Et, s’il ne peut y avoir qu’un seul chef dans un écu, on peut y rencontrer plusieurs pals, fasces, bandes, barres ou chevrons.  Qui devront obligatoirement être de moindre dimensions.

Fig.15 – De sinople à deux fasces d’or (De sinòple a doas faissas d’aur)
Fig.16 – De pourpre à trois pals d’argent (De porpra a tres pals d’argent)
Fig.17 – D’or à trois barres de gueules ( D’aur a tres barras de vermelh)
Fig.18 – De sable à deux chevrons d’or (De sable ou De negre a dos cabrions d’aur)

EXERCICE 2 : À partir des blasonnements ci-dessous dessinez les écus qui leur correspondent :

D’azur à quatre pals d’or (D’azur a quatre pals d’aur) — D’hermine à la fasce de sinople (D’armina a la faissa de sinòple) — De gueules à deux bandes d’argent (De vermelh a doas bendas d’argent) — De sable à trois fasces d’or (De sable a  tres faissas d’aur).

Certaines de ces pièces honorables peuvent être réduites en largeur et changent alors de nom. Le pal devient vergette (fig. 19), la fasce prend le nom de divise (ou trangle, fig. 20), la bande devient cotice, la barre traverse (fig. 21).

Si on pose côte à côte deux vergettes séparées par un espace de la même largeur, ou deux divises, on obtient une jumelle, comme par exemple ci-dessus (fig. 22) dans les armoiries de la commune de Cahuzac (Aude) qu’on blasonnera De sable à la jumelle d’or .

     Et si — au diable l’avarice ! — l’envie vous prend d’ajouter une troisième vergette, vous aurez tout simplement créé une tierce, étant entendu que ce qui est valable pour la vergette l’est aussi pour la divise, la cotice et la traverse (fig. 23 : D’or à la tierce en bande de gueules).

Figure 23

LES PARTITIONS

Partir c’est mourir un peu dit le proverbe, mais c’est aussi partager. Avoir maille à partir avec la justice se disait autrefois lorsqu’on était condamné à une amende et qu’on avait, en conséquence, une maille (mais plutôt plusieurs) à partager avec la Justice, la maille étant au Moyen âge une pièce de monnaie de peu de valeur. Nous n’avions jusqu’à présent qu’un écu avec une surface unique sur laquelle nous posions des pièces de différentes formes. Et si on partageait cette surface pour en faire… plusieurs ? Si, par exemple, au lieu d’un champ entièrement d’argent, ou entièrement de gueules, on divisait ce champ en deux parties ou davantage ?

Nous voilà non plus propriétaires d’un seul champ mais de deux, quatre ou même …huit et on définira notre écu comme étant parti (d’argent et de gueules, fig. 24), ou coupé (de gueules et d’argent, fig. 25), ou bien tranché (d’argent et de gueules, fig. 26) ou encore taillé (d’argent et de gueules, fig. 27). Ajoutons à cette liste trois autres partitions après quoi nous ferons une petite halte histoire de digérer tout ça. Ces trois partitions ont pour nom l’écartelé (fig. 28), l’écartelé en sautoir (fig. 29) et le gironné une partition en forme d’ailes de moulin (fig. 30).

Ce qui est valable pour l’argent et le gueules, représentés dans les exemples ci-dessus,  l’est bien entendu pour tous les autres émaux et on peut trouver par exemple un écu parti de sable et d’or, ou coupé d’argent et de sinople, tranché d’or et d’azur ou bien encore taillé d’argent et de sable. Une telle abondance de champs n’est pas sans poser un premier problème. Tant qu’il ne s’agissait que d’un seul champ, on savait qu’il fallait toujours le citer avant la pièce qui le chargeait : d’or au pal de sinople, par exemple. Mais avec plusieurs champs ? Eh bien, on énumère les divers quartiers d’une partition en commençant toujours par l’émail du quartier le plus haut ou le plus à dextre (qui est la droite de celui qui tient l’écu qui nous fait face, et donc notre gauche à nous > fig. 31). Il serait peut-être temps d’essayer de mettre tout ça en pratique :

EXERCICE 3 — À partir des blasonnements ci-dessous, dessinez les écus qui leur correspondent :

— Parti d’argent et de sinople (partit d’argent amb de sinòple) — Tranché de sable et d’or (trencat de negre amb d’aur) — Écartelé en sautoir d’or et de sable (escartelat en sautor d’aur amb de negre) — Gironné d’or et de sinople (gironat d’aur amb de sinòple).

LES MEUBLES

Le meuble, quand il est le seul locataire de l’écu, a tendance à prendre ses aises et occuper un maximum de place (fig. 32 > De sinople au losange d’argent, figure que certains auteurs mettent au féminin et blasonnent donc : de sinople à LA losange d’argent). S’il emménage en plusieurs exemplaires, il lui faudra perdre un peu de sa superbe et se contenter d’une surface revue à la baisse (fig. 33 > De sinople à trois losanges d’argent rangés en fasce).

Figure 32
Figure 33

Et si je veux le placer dans un endroit très précis de l’écu ? Rien de plus facile, à condition d’avoir en tête les neuf emplacements où il sera possible de loger notre locataire timide et friand de solitude (Fig. 34). Chacun de ces emplacements porte un nom qu’il vous suffira d’indiquer dans votre blasonnement pour préciser le lieu où résidera votre locataire exigeant :

Figure 34

A : canton dextre du chef —  B point du chef — C canton senestre du chef—D point du flanc dextre —  E Cœur, dit aussi Abîme —  F point du flanc senestre — G canton dextre de la pointe — H point de la pointe — I canton senestre de la pointe. Si, par exemple, ce locataire souhaite absolument résider au point F, il vous faudra le blasonner  : De sinople au losange d’argent mis au point du flanc senestre et chacun saura exactement où le placer sur l’écu

Nous avons parlé plus haut du besant, ce meuble circulaire d’or ou d’argent; on peut aussi le trouver dans d’autres émaux (gueules, azur, sinople etc.) mais il prend alors le nom de tourteau (voir ci-dessus, fig. 36). Et comme il n’est pas ennemi de la diversité, il accepte même d’être moitié tourteau et moitié besant (fig. 37 – besant-tourteau d’or et de gueules, et tourteau-besant de sable et d’or). Quel qu’en soit d’ailleurs l’émail, le tourteau ou le besant évidé devient un annelet (fig. 36), de la même façon que le losange percé d’un trou rond devient un rustre (ou ruste), et une macle s’il est évidé en carré (fig. 39).

Citons, parmi les autres meubles géométriques, le carreau, le triangle, la billette (fig. 38) ainsi que la fusée (fig. 39). On les trouve le plus souvent en nombre et disposés en pal, en fasce, en bande, en barre, etc.     

Ci-dessous > Fig. 40 : D’azur aux trois carreaux d’argent, armoiries de la commune de Caromb, département de Vaucluse (jeu de mots avec l’occitan cairon, carreau). Fig. 41 : D’azur aux trois billettes d’or rangées en pal, armoiries de la commune de Lesparrou, dans l’Ariège. Fig. 42 : De gueules aux trois annelets d’argent, armoiries de la commune de Vaugines, en Vaucluse. Fig. 43 : D’argent à six fusées de gueules rangées en fasce, disposition qu’on retrouve dans les écus de diverses familles.

EXERCICE N° 4 — À partir des blasonnements ci-dessous, dessinez les écus qui leur correspondent : 

— De gueules au besant d’argent mis au canton dextre de la pointe (De vermelh al besant d’argent mes al canton dèstre de la poncha) — Ecartelé en sautoir d’or et de sable (Escartelat en sautor d’aur amb de negre) — Taillé de sinople et d’argent, le premier chargé d’une billette d’or, le second de deux annelets d’azur rangés en pal (Talhat de sinòple amb d’argent; lo premier cargat d’una bilheta d’aur; lo segond de dos anelets d’azur arrenguieirats en pal). — D’azur au chef d’or chargé d’un rustre de gueules (D’azur al cap d’aur cargat d’un rustre de vermelh). — D’or aux trois tourteaux, deux en chef de gueules, un en pointe de sinople (D’aur als tres tortèls, dos en cap de vermelh, un en poncha de sinòple).

Bon, et si maintenant on commençait à blasonner un peu ? Histoire de se dégourdir la glotte et de vérifier si on a bien compris. Mais pas de panique, on va y aller tout en douceur et à partir de choses simples.

Sur un champ d’or (donc jaune) nous allons placer un chevron d’azur, sur le haut duquel nous allons poser un besant lui aussi d’or; ensuite nous allons encadrer ce blason de deux carreaux et d’une petite croix vers la pointe; et pour finir, nous chargerons l’écu d’un chef de gueules avec un besant d’argent au beau milieu. Pour celles et ceux qui n’étaient pas là tout à l’heure je rappelle que dans la langue du blason rouge se dit gueules, bleu se dit azur, etc etc (voir ci-dessus figure 1 en début d’article).

Figure 44

Notre blasonnement commencera donc par désigner la couleur du champ sous la forme D’or au chevron d’azur puisque ce chevron est une pièce honorable et, en l’occurrence, la pièce principale occupant notre champ. Comme ce chevron est lui-même chargé d’une autre pièce, nous continuerons notre blasonnement comme suit : D’or au chevron d’azur chargé d’un besant du champ, et le champ étant d’or, on comprend que le besant sera de cette même couleur, ou plutôt de ce même émail. On se souviendra au passage que le besant ne peut être que d’or ou d’argent. D’un autre émail, il prend le nom de tourteau.

Ce chevron étant dûment identifié ainsi que la pièce qui le charge, jetons un œil sur son environnement. Il est encadré par deux petits carrés de sinople. On va donc préciser leur émail et leur emplacement en poursuivant notre blasonnement ainsi : D’or au chevron d’azur chargé d’un besant du champ accompagné en chef de deux carreaux d’azur puis nous mentionnerons la troisième pièce qui accompagne notre chevron, soit D’or au chevron d’azur chargé d’un besant du champ accompagné en chef de deux carreaux d’azur et en pointe d’une croisette de sable.

Enfin, nous terminerons par le chef, qui occupe le haut de notre écu et fait environ le tiers de sa surface, soit Au chef de gueules chargé d’un besant d’argent. Récapitulons donc notre blasonnement, en observant que notre description pour le champ part du haut vers le bas lorsque plusieurs pièces accompagnent la pièce principale (ici le chevron). Ce qui nous donne :

D’OR AU CHEVRON D’AZUR CHARGÉ D’UN BESANT DU CHAMP ACCOMPAGNÉ EN CHEF DE DEUX CARREAUX DE SINOPLE ET EN POINTE D’UNE CROISETTE DE SABLE. AU CHEF DE GUEULES CHARGÉ D’UN BESANT D’ARGENT.

Trois meubles sur le champ (I).

Figure 45

Voilà une disposition des plus classiques et qui pourtant nous vaut très souvent des blasonnements erronés. On se rappelle qu’à l’origine l’écu est approximativement rectangulaire et que la meilleure façon d’y faire figurer trois meubles est d’en mettre deux sur la partie supérieure de l’écu et le troisième vers la pointe. “La position relative de trois meubles — nous dit Veyrin-Forrer dans son Précis d’héraldique — “est d’être : deux et un”. Ce qui n’a pas à être énoncé. On blasonnera donc la figure 45 ci-dessus en disant simplement : DE GUEULES À TROIS BILLETTES D’ARGENT. Et surtout pas : de gueules à trois billettes d’argent, deux en chef et une en pointe et, encore moins, en précisant : à trois billettes posées deux et un, ce qui est un pléonasme et, comme tout pléonasme, parfaitement inutile pour décrire cette composition. Ce qui est valable pour les trois billettes ci-dessus l’est, bien évidemment, pour trois lions, trois fleurs de lys, trois roses, trois merlettes, etc, etc.

On se souviendra en outre que, dans une disposition inversée, soit une billette en chef et deux en pointe, nous blasonnerions : DE GUEULES À TROIS BILLETTES MAL-ORDONNÉES, sans autre précision.

Trois meubles sur le champ (II).

Trois meubles donc, normalement disposés 2 en haut et 1 en bas, ou mal-ordonnés, soit un en haut et deux en bas, très bien… mais peut-on faire autre chose ? Bien entendu. On peut, pour commencer, les mettre tous les trois sur la même ligne, dans toute la largeur de l’écu. Comme ci-dessous (figure 46). On les blasonnera alors de la façon suivante : DE SINOPLE A TROIS BILLETTES D’OR RANGÉES EN FASCE.

Figure 46

On remarquera que ces trois billettes se tiennent au beau milieu de l’écu, à peu près à égale distance du chef et de la pointe. Mais rien ne nous interdit de monter nos trois billettes vers le chef ou, au contraire, de les descendre vers la pointe. Auquel cas il conviendra de les blasonner : 1. DE SINOPLE A TROIS BILLETTES D’OR RANGÉES EN CHEF, ou 2. DE SINOPLE A TROIS BILLETTES RANGÉES EN POINTE. On pourrait également placer ces trois billettes l’une sur l’autre, comme nous l’avons vu plus haut (fig. 41, armes de la commune de Lesparrou). On les blasonnera en conséquence : DE SINOPLE A TROIS BILLETTES D’OR RANGÉES EN PAL.

Trois meubles… et une invitée-surprise !

Ça sentait bon dans la cuisine, on allait se mettre à table, chacun à sa place, deux en chef et un en pointe, et… dring ! on sonne à la porte : c’est Tata Etoile, qu’on n’attendait pas mais, comme on l’aime bien et qu’on a toujours plaisir à la voir, on lui a réservé une place… en coeur ! Même que pour garder un souvenir de son passage et du repas pris en commun, on a tiré la photo : D’azur à trois billettes d’argent accompagnées en coeur d’une étoile d’or (fig. 47).

Figure 47

Vous me direz qu’installer une invitée au beau milieu de la table pour manger, il n’y a que sur un blason qu’on peut voir ça. Et qu’avec une table rectangulaire, on aurait très bien pu installer la Tata à un bout de la table. Bon, allez, on va refaire la photo. On la blasonnera en disant : D’AZUR À TROIS BILLETTES D’ARGENT ACCOMPAGNÉES EN CHEF D’UNE ÉTOILE D’OR (fig. 48).

Figure 48

Bien entendu, si la Tata, qui n’aime pas avoir le soleil dans les yeux, avait préféré se placer à l’autre bout de la table, on n’en aurait pas fait une histoire, et on aurait blasonné : D’AZUR À TROIS BILLETTES D’ARGENT MAL-ORDONNÉES ACCOMPAGNÉES EN POINTE D’UNE ÉTOILE D’OR. C’est si simple de faire plaisir… D’autant que la Tata, mais que ça reste entre nous, elle a un sacré coup de fourchette ! Et elle ne boit pas que de l’eau gazeuse…

Figure 49

Auban Bertero

Catégories