Cette étude a pour objectif de faire le point sur l’identité héraldique des comtes de Comminges apparue au 12ème siècle et sur son évolution jusqu’au 18ème siècle dans les branches encore vives du lignage et dans les familles alliées. Elle s’inscrit dans la continuité des travaux de Jean-Paul Algyriades parus dans la « Revue de Comminges » que nous tenterons de compléter, et de Patrice Cabau dans les « Mémoires de la Société Archéologique du Midi de la France »1.
Origines du comté de Comminges2.
Les pays de Comminges et de Couserans, héritiers des cités gallo-romaines des Convenae et des Consoranni s’étendent sur les bassins de la Garonne et de son affluent le Salat. Géographiquement et historiquement liés, ils forment la frontière orientale de la zone dialectale gasconne dans les Pyrénées. Le Comminges se partage entre une zone montagneuse au sud et la plaine au nord, dans une complémentarité pastorale et économique que nous retrouvons dans bien d’autres pays pyrénéens comme le comté de Foix, la Bigorre ou le Béarn.
Les circonstances de la naissance du comté de Comminges à l’aube du 10ème siècle demeurent obscures. C’est avec Roger 1er que commence plus sûrement la généalogie des comtes à partir de l’an mil. En quelques générations, le lignage réussit à recueillir les héritages des baronnies d’Aure et de Muret-Samatan et de s’allier avec les vicomtes de Carcassonne et surtout, à la maison comtale de Toulouse, avec le mariage de Bernard III Dodon3 avec une fille du comte Alphonse-Jourdain autour de 1150.
Pour en finir avec les « otelles » des armes de Comminges.
Comme le soulignait fort justement E. de Boos, citant Duhoux d’Argicourt dans son « Dictionnaire du Blason »4, les otelles ne sont que l’appellation superflue de « l’espace laissé libre sur le champ entre les branches d’une croix pattée ». En effet, ce nom d’origine douteuse, apparu à la fin du 15ème siècle5, fait partie de ce que M. Pastoureau qualifiait de jargon ésotérique et pédant quand il parlait de l’évolution de la langue du blason à partir du 15ème siècle6. L’invention de ce meuble rarissime, du moment qu’il ne concernât que les armes de Comminges et celles qui leur étaient rattachées, relève donc essentiellement de l’imagination des hérauts de la fin du Moyen-âge et devrait être abandonné quand on doit blasonner les armes des comtes de Comminges des origines7.
Cependant, cette évolution graphique et sémantique nous pousse à nous questionner sur les raisons qui ont mené à passer entre les 14ème et 16ème siècles, de l’écu primitif des comtes de Comminges qui portaient « d’argent à la croix pattée de gueules à la bordure du même » aux armes « de gueules à quatre otelles d’argent posées en sautoir » qui se sont imposées jusqu’à maintenant. Cet essai d’une histoire héraldique des comtes de Comminges nous permettra peut-être de répondre, entre autres, à cette question.
Génèse des armes des comtes de Comminges.
Les armes des comtes de Comminges apparaissent dans la documentation dans le premier quart du 13ème siècle. Un passage de la « Chanson de la Croisade8» relate les opérations militaires de l’été 1218 menées par Bernard de Comminges, fils du comte Bernard IV, dans le nord du comté, contre les troupes de Joris, lieutenant de Montfort. Ces quelques vers sont précieux car ils donnent les meubles principaux des armoiries des barons accompagnant le jeune comte :
« E cant li Frances viron los senhals esclarzits
E la crotz e la penche el taur e la berbitz
E les autres ensenhas dels baros enarditz »
La croix, citée en premier, est sûrement celle de l’enseigne de Bernard de Comminges, à la tête de l’ost. Comme nous le verrons plus tard, le taureau (ou la vache) figurait en deux exemplaires sur les armes de Raimond-At d’Aspet et la brebis est ici pour rappeler, en respectant la rime, le bélier d’Espan de Lomagne. Seul le peigne n’a pas été identifié9. Nous voyons donc que c’est bien comme une croix que se lisaient les armoiries de Comminges au commencement du 13ème siècle10.
Les premières représentations figurées se trouvent sur deux sceaux (Douët d’Arcq n°593 e n°594) qu’a utilisé le jeune comte Bernard V en septembre 1226, soit juste un peu plus d’un an après la mort de son illustre père, héro de la résistance à la Croisade. Mais ici, la situation avait bien changé et, face à une nouvelle croisade menée par le roi de France Louis VIII, l’heure était à la soumission11 pour la noblesse commingeoise. Au-delà du contexte historique, ces sceaux présentent le grand intérêt de montrer quatre représentations du comte à cheval et en armes, avec l’écu orné clairement d’une croix pattée reliée à une bordure12.
L’observation attentive des deux sceaux équestres (fig.1) montre cependant une différence claire dans l’équipement défensif des chevaliers. Le n°593 de l’inventaire de L. Douët d’Arcq présente deux chevaliers équipés d’écus encore longs mais à pointes arrondies, d’un heaume fermé et d’un bacinet armorié, dont les chevaux portent cottes de mailles et gambisson, ce qui correspond bien à l’armement utilisé dans les années 1225.
Comparativement, le n°594 montre un archaïsme prononcé avec les écus en amandes, les casques à nasal et au sommet pointu, le haubert à manches courtes, éléments qui se retrouvent dans les sceaux du dernier quart du 12ème siècle et jusqu’aux toutes premières années du 13ème siècle.
Nous y voyons donc plutôt et avec peu d’hésitations, non pas le sceau de Bernard V, mais le sceau de son père le comte Bernard IV, qui aurait encore été utilisé dans la chancellerie comtale quelques mois après sa disparition13.
Tout cela nous permet donc d’avancer encore de quelques décennies l’apparition des armes comtales de Comminges, au temps du comte Bernard IV qui régna de 1176 à sa mort en février 1225.
Mais encore d’autres éléments peuvent nous conduire à faire l’hypothèse d’une création des armes de Comminges au temps de Bernard III, comte de 1153 à 1176.
Nous souscrivons en particulier à la proposition de J-P Argyriades14 quand il avance que l’adoption d’une croix pattée par les comtes de Comminges fut une marque d’attachement ou au moins une référence à l’ordre des Templiers, très puissants dans le comté. La commanderie de Montsaunès fondée en 115615 à moins de deux kilomètres du château comtal de Salies-du-Salat profita des largesses de Bernard III qui finit par se faire chevalier de l’ordre, un lundi du mois de mai 1176, en présence de la fine fleur de l’aristocratie commingeoise assemblée pour l’occasion16. Un tel engagement personnel dans le projet spirituel de l’ordre pourrait effectivement expliquer le choix d’un symbole si prestigieux à la fin de sa vie. D’autant plus que, comme nous allons le voir, cette croix pattée est venue probablement s’ajouter à une bordure antérieure qui pourrait avoir été à la base des armes originelles du lignage. Effectivement, l’étude approfondie des identités héraldiques des branches fondées dans cette seconde moitié du 12ème siècle va nous permettre d’en savoir plus sur la genèse des armes de la dynastie des Bernard.
Différenciation héraldique des branches de Comminges.
En effet, dans la seconde moitié du 12ème siècle le lignage de Comminges se divisa en quatre branches fondées d’un côté par un frère de Bernard III et de l’autre par trois de ses fils.
Le frère cadet de Bernard III de Comminges, Roger, reçut en apanage une seigneurie centrée sur la haute vallée du Salat, qui donnera naissance plus tard à la vicomté de Couserans. Cette vicomté ne couvrait pas l’ensemble du Couserans qui demeura majoritairement dans les domaines comtaux commingeois (plaine à l’ouest de Saint-Girons et Castillonais).
De son côté, Bernard III de Comminges et Laurence17 de Toulouse eurent quatre fils pour lesquels la descendance est connue18.
Bernard, l’aîné, continua la lignée des comtes de Comminges sous le nom de Bernard IV. Son rôle pendant la Croisade Albigeoise allait faire de lui une des figures majeures de l’aristocratie occitane du 13ème siècle.
Gui devint seigneur de la vallée d’Aure en épousant Bertrande, héritière des vicomtes de cette zone frontière entre Comminges et Bigorre. Il releva le nom et les armes de cette dynastie, abandonnant ainsi le titre et la croix de Comminges.
Un autre Bernard, seigneur de Sainte-Foy et de Savès, commença la branche des Comminges-Savès de laquelle plusieurs rameaux se perpétuèrent jusqu’au 18ème siècle, comme les Comminges-Péguilhan.
Enfin, Fortanier épousa l’héritière de l’importante baronnie d’Aspet et fonda la branche des Comminges-Aspet qui allait tomber en quenouille à la fin du 14ème siècle et être relevée par la maison béarnaise de Coarraze.
Le tableau ci-dessous (fig.2) donne les armes adoptées par les différentes branches apparues dans la seconde moitié du 12ème siècle.
Comme nous pouvons l’observer, toutes les branches issues de Bernard III, le « comte templier », ont porté pleines ou parties, les armes associant la croix pattée à une bordure de gueules sur champ d’argent. Par contre, la branche des vicomtes de Couserans, issue de son frère cadet Roger, apanagé en Haut-Salat, ne présente qu’une bordure du même émail mais sur un métal différent d’or.
Ainsi, comme nous disions plus haut, cette croix pattée apparaît bien comme ajoutée, ou brochante, sur la bordure de l’écu de Bernard IV, comme le révèle cette photographie de détail de son sceau. On peut aussi se demander si elle n’était pas vidée aussi à l’origine comme le suggère ces empreintes, la rapprochant ainsi de la croix raimondine, portée par le lignage de la propre femme de Bernard III.
Tous ces éléments pourraient concorder pour bien voir, comme nous le proposions, l’origine des armes commingeoise dans l’association à l’époque de Bernard III (1153-1176) d’une croix pattée et peut-être vidée à une bordure antérieure conservée par la branche cadette issue de Roger.
ÉTUDES HÉRALDIQUES DES BRANCHES PRINCIPALES DU LIGNAGE DE COMMINGES.
La branche ainée : les comtes de Comminges19.
Comme nous l’avons déjà vu avec leurs sceaux, les comtes Bernard IV (1176-1225) et Bernard V (1225-1241) sont les premiers à nous avoir laissé la trace de la croix pattée associée à la bordure.
Leur successeur Bernard VI (1241-1295) fut le dernier comte de Comminges à sceller d’un sceau équestre, signe d’une diminution relative de l’importance du lignage à l’échelle du royaume comme d’une évolution des pratiques sigillaires durant le 14e siècle, où le sceau de type héraldique se développe largement.
Voici ses sceaux (fig.3) tels qu’ils ont été moulés au 19e siècle pour entrer dans la collection Douët d’Arcq sous le n°595 (avers équestre et revers héraldique) et n°596 (seulement le revers héraldique).
Contrairement à Monsieur Argyriades qui y devine les premiers signes d’évolution vers les otelles20, nous trouvons que le dessin des armes de Bernard VI est toujours dans la droite ligne de celui que nous avons pu observer sur les sceaux de son père et de son grand-père. Seule la forme de l’écu s’est encore arrondie de la pointe et amoindrie en hauteur, phénomène que nous observons largement dans la péninsule hispanique et dans le sud de l’Occitanie (Gascogne, Languedoc et Provence) pendant le 13e siècle. Ce changement de forme du support donne aux vides laissés par la croix pattée et la bordure une certaine homogénéité dans leur forme qui préfigure peut-être leur évolution vers les otelles21 stéréotypées.
L’avers du sceau de Bernard VI se retrouve reproduit quasiment à l’identique dans les peintures murales de la Tour Palmata de Gaillac (Tarn, 81)22. Mais ici, on peut y observer les couleurs de ses armoiries dans la version la plus ancienne qui soit arrivée jusqu’à nous (fig.4). Elle nous permet donc un premier blasonnement complet des armes du lignage : « d’argent à la croix pattée de gueules à la bordure du même »23.
(photo IVR73_19918100053XA – Peiré JF, ©Inventaire général Région Midi-Pyrénées)
Avec Bernard VII (1295-1312), nous entrons dans le 14e siècle, et le Comminges se tourne définitivement vers le royaume de France comme la majeure partie des domaines occitans récemment tombés dans l’escarcelle capétienne. Son mariage avec Laure, arrière-petite-fille de Gui de Montfort, frère de Simon le Croisé, lui donna des droits sur la seigneurie de Castres en Albigeois. Il nous a laissé deux empreintes sigillaires conservées sous les n°2690 de la Collection Clairembault et n°597 de la Collection Douët d’Arcq (fig.5). Elles semblent provenir d’une seule et même matrice.
Ici, l’émail de la croix et de la bordure est rehaussé de rayures croisées, renforçant le contraste entre les parties claires et foncées des émaux de l’écu.
De cette époque datent aussi deux autres versions colorées des armes de Comminges. En effet, la voute armoriée du transept de la cathédrale de Saint-Liziers (Ariège, 09) en Couserans, datée de l’épiscopat d’Auger de Montfaucon (1279-1303), présente un écu peint aux armes des Bernard (fig.6).
Nous trouvons aussi dans le manuscrit des coutumes de Toulouse daté de la toute fin du 13e siècle, plusieurs représentations colorées des armes de Comminges24 (fig.7). Ici, l’enlumineur semble avoir traité les armoiries comtales assez rapidement par ajout de blanc sur un fond rouge de petite dimension, annonçant ainsi leur future déformation en sautoir d’otelles.
Le comte Bernard VII eut une descendance nombreuse avec au moins six fils et deux filles. Nous avons la chance de disposer des armoiries de quatre de ses fils conservées jusqu’ici.
L’ainé, Bernard VIII, fut comte de 1312 à 133625. Il se maria en secondes noces avec Marguerite, héritière de la vicomté de Turenne en Bas-Limousin. C’est pourquoi, son sceau porte la marque de cette alliance prestigieuse représentée par un écartelé des armoiries des deux lignages (fig.8)26.
Nous retrouvons cette alliance Comminges-Turenne dans l’écu mi-parti présent sur un chandelier émaillé conservé au Walter Arts Museum de Baltimore (Maryland, USA)27.
Bernard laissa de son dernier mariage avec Mathe de L’Isle un seul enfant mâle nommé Jean. Ce fils posthume (appelé Jean 1er) ne régna que trois ans de 1336 à 1339, sa mort en bas-âge ouvrant un conflit de succession au sein du lignage28.
En effet, l’oncle de ce dernier, Pierre-Raimond frère cadet du comte Bernard, qui avait reçu la terre de Serrère en apanage29, lui succéda sous le nom de Pierre-Raimond 1er de Comminges (1339-1341). Pour contrer les prétentions de sa nièce Cécille, femme du comte d’Urgel, son fils épousa sa propre cousine germaine Jeanne, sœur de la prétendante et fille de Bernard VIII et de Mathe de L’Isle.
Nous conservons de Pierre-Raimond 1er l’empreinte d’un sceau aux armes de Comminges brisées d’une bande, comme marque de sa qualité de cadet (fig.9) car ce sceau est antérieur à la mort de son frère ainé.
Le troisième fils de Bernard VII, Gui, reçut la part de seigneurie de sa mère sur Castres d’Albigeois, augmentée de la seigneurie voisine de Lombers qui lui venait de sa femme Marguerite de Monteil-Adhémar30. Ce fut un baron querelleur et il portait sur son sceau (fig.10), les armes de Comminges brisées de quatre lions31 placés sur les quatre branches de la croix pattée.
Le quatrième fils de Bernard VII, appelé Jean-Raimond, fut quant à lui destiné aux ordres religieux32. Sous la protection du pape Jean XXII, il fit une carrière prestigieuse qu’il commença par l’évêché de Maguelonne avant d’être nommé premier archevêque de Toulouse en 1317. Cette fonction le mena au cardinalat (1327) au titre de Saint Vital puis, à partir de 1331, à l’évêché de Porto33. Ce sont probablement ses armes que nous avons découvertes dans un manuscrit conservé à la bibliothèque municipale d’Amiens34. La figure 11 montre bien les armes de Comminges rehaussées du chapeau cardinalice. L’absence de brisure est normale pour un ecclésiastique.
Sur le même folio (figure 12 ci-dessous), apparaissent un écu de Comminges sans le chapeau de cardinal et un écu « d’or à l’aigle de sable à l’écusson de Comminges en abîme » duquel nous reparlerons dans la partie consacrée à la branche des vicomtes de Couserans.
Le schéma généalogique ci-dessous rassemble les informations héraldiques données précédemment pour le comte Bernard VII et ses quatre premiers fils (fig.13)35.
Nous pourrions ajouter à cette « fratrie héraldique » l’écu de Comminges présent dans la tour du milieu du château de Foix, sur une clé de voûte de la salle du second étage, et qui conserve le souvenir d’Éléonore, dernière fille du comte Bernard VII qui épousa vers 1323 le comte Gaston II de Foix (fig.14).
Pierre-Raimond II (1341-1375) succéda à son père mort à Muret en avril 1341. Nous conservons de lui l’empreinte de son sceau datée du 24 mai 1369 qui montre les armes traditionnelles des comtes de Comminges (fig.15). Elle présente cependant une nouveauté puisque l’on y voit aussi le cimier du comte ornant son heaume couronné. Il est formé d’une base conique rehaussée d’un plumet qu’il faut peut-être interpréter comme une gerbe.
De la même époque date probablement la première figuration des armes comtales dans un armorial universel médiéval. Il s’agit de l’armorial dit de Bellenville, composé sûrement en Flandres et daté entre 1364 et 139036. Cette représentation est de première importance car elle est restée à l’état d’ébauche ce qui nous permet d’observer la façon dont le héraut a tracé les armoiries à l’intérieur de l’écu (fig.16).
Ainsi, nous voyons clairement que l’auteur du dessin a bien tracé à la mine de plomb une bordure à l’intérieur de laquelle il a ajouté une croix pattée. Il a achevé ce dessin en marquant dessus les deux abréviations qui signalaient l’émail de gueules à utiliser pour le peindre.
Ce témoignage prouve bien qu’un héraut flamand de la seconde moitié du 14e siècle était en capacité d’interpréter encore correctement les armes des lointains comtes de Comminges comme une croix associée à une bordure.
Mais alors, comment expliquer que peu après, vers 1380, le héraut Lefebvre dit Walsain, rédacteur de l’Armorial d’Urfé37 utilise pour blasonner l’écu de Comminges : « Le conte de cominges, de gueles a IIII mandes dargent38 » ouvrant la voie à tant d’interprétations fautives des armes comtales39 ?
Nous pouvons proposer deux hypothèses complémentaires qui se rapportent pour l’une à l’évolution graphique des armoiries, et pour l’autre, à la façon de les blasonner.
La première viendra de l’histoire même des comtes de Comminges. En effet, Pierre-Raimond II fut le dernier mâle de la branche ainée du lignage. Éprouvé par le conflit entre les couronnes de France et d’Angleterre et surtout pris en tenaille dans la rivalité entre les puissants comtes d’Armagnac et de Foix-Béarn, le comte affaibli eut en plus le malheur de ne laisser que deux filles pour descendance. La première, Éléonore, épousa Jean II comte d’Auvergne et de Boulogne en 1373 et renonça à sa part d’héritage. Quand à la cadette Marguerite, mineure au moment de la mort de son père (son testament est daté du 19 octobre 1375, la fillette ne devait avoir que 10 ans), elle devint l’objet des convoitises de ses deux puissants voisins, acharnés et prêts à dépecer le comté de Comminges40. Ainsi, une guerre de succession éclata entre Jean II d’Armagnac et Gaston Fébus au commencement de l’année 1377. Le 14 mai 1378, le comte d’Armagnac, soutenu par une partie de la noblesse commingeoise, fit enlever l’héritière et la maria de force avec son fils Jean qui fut déclaré comte de Comminges. Celui-ci fit naturellement ajouter les armoiries de son nouveau domaine à l’écartelé d’Armagnac comme nous pouvons le voir sur son sceau reproduit ci-dessous (fig.17).
Après la mort de Jean (devenu comte d’Armagnac en 1384 sous le nom de Jean III) le 25 juillet 1391 au siège d’Alexandrie en Lombardie, Marguerite fut mariée à Jean de Fézensaguet, membre d’une branche cadette mais concurrente des comtes d’Armagnac. Mais leur union fut de courte durée et la séparation fut l’occasion d’une nouvelle guerre au sein même du lignage d’Armagnac. Les vicomtes de Fézensaguet vaincus, moururent dans les prisons de leur parent Bernard VII d’Armagnac en 1401. A nouveau veuve, la pauvre héritière de Comminges profita de la mort de Gaston Fébus et du conflit entre Armagnac et Bourguignons en France pour reprendre un peu les rennes de son comté pyrénéen. Mais vite rattrapée par le conflit séculaire entre Armagnac et Foix, Marguerite fut une fois de plus au centre d’une mêlée de prétendants et finit en 1419, à plus de 50 ans, mariée avec Mathieu de Foix-Grailly, qui avait 20 ans de moins.
Une fois comte de Comminges, ce cadet de la maison de Foix enferma sa femme devenue inutile dans le château de Saint-Marcet mais n’oublia pas de faire figurer les quartiers de Comminges sur son écu comme nous le voyons sur son sceau qui portait un écartelé de Foix-Béarn et de Comminges que nous observons en partie sur l’empreinte présentée ci-dessous (fig.18)41.
Ses armoiries sont aussi représentées au folio 57v de l’armorial coté ms fr 5240 de la BNF (fig.19).
Ainsi nous pouvons constater qu’à partir de la mort de Pierre-Raimond II en 1375, les armes de Comminges arrêtèrent d’être portées pleines pour n’apparaître plus que dans les écartelés des maisons héritières d’Armagnac et de Foix. La croix pattée à la bordure, sortie de son écu originel pour figurer dorénavant sur les champs étroits de quartiers d’écu, fut altérée et simplifiée jusqu’à former, par illusion d’optique, les quatre navettes d’argent évoquant des amandes pelées42. Ce phénomène que nous avions déjà observé précocement sur le sceau de Bernard VII43, entraina une mauvaise compréhension des armoiries de Comminges par les hérauts qui commençaient alors à théoriser les règles du blason et à créer des armoriaux et des traités. Toutes les représentations postérieures des armes pleines de Comminges que nous avons trouvées montrent ce glissement vers des otelles d’argent sur champ de gueules, comme nous pouvons le voir ci-dessous (fig.20).
1 Arm. Bergschammar f°151v (1436-1450) ; 2 Arm. Le Bouvier f°120 (1454-1458) ; 3 Arm. Le Breton n°121 (1470-1480) ; 4 Arm. BNF ms fr 24381 f°176v (V.1475) ; 5 BNF Dpt des ms, NAL 3192 f°66r (1490-1500) ; 6 BNF ms lat 16827 f°275 (1492) ; 7 Arm. KB ms 128 f°7v (1490-1500) ; 8 et 9 Arm. BNF ms fr 25183 f°16v et f°34r (v.1510) ; 10 Arm. BNF ms fr 5240 f°25v (v.1530).
La seconde explication, que nous pensons complémentaire comme nous le disions, concerne justement le travail des hérauts (fig.21). Comme nous l’avons dit précédemment en citant M.Pastoureau, les 15e et 16e siècles représentent le moment où l’héraldique, tout en se développant dans la société, est sorti du champ d’une pratique sociale partagée et collective (guerrière, lignagère, communautaire…) pour aller jusqu’à une sorte de « professionnalisation » au profit du corps des hérauts. Ces officiers, principalement rattachés aux grandes cours d’Occident, acquirent peu à peu le monopole de l’étude et de la création d’armoiries. Jaloux de leurs prérogatives et de plus en plus versés dans une conception littéraire et ésotérique, les hérauts théorisèrent à l’excès leur science, créant un jargon ampoulé et toute une mythologie pour le justifier. Ce phénomène répondait aussi à une demande de l’aristocratie de l’époque qui était à la recherche d’origines prestigieuses et de destinées épiques à intégrer au légendaire familial.
C’est ainsi qu’il faut interpréter toutes ces légendes autour des amandes ou otelles de Comminges que nous relevons dans la littérature généalogique et héraldique du 16e siècle, souvent relayées jusqu’à nos jours sans aucune remise en question44. De là aussi vient la devise attribuée bien tardivement à la maison de Comminges « En croyant nous amendons » qui fait allusion, en langue française de surcroît, aux amandes de ses armoiries et qui est donc forcément postérieure à l’extinction même de ce lignage.
La croix bordée de Comminges, reléguée au rang de simple quartier intégré à des armoiries écartelées plus complexes et prestigieuses, finit par être lue par les hérauts étrangers comme un champ portant quatre meubles énigmatiques que certains interprétèrent à leur gré, comme des amandes, des pointes de lances, des otelles.
Pour en finir sur ce point, nous pouvons signaler trois exemples trouvés dans des armoriaux européens médiévaux, où les armes de Comminges sont représentées d’une façon erronée à cause probablement de ces « amandes » ou « otelles » qui menèrent certains hérauts à commettre des erreurs d’interprétation de ce meuble si singulier.
Le premier exemple est tiré de l’armorial composé par Conrad Grunenberg, chevalier et héraut de la ville de Konstanz en Allemagne dans la seconde moitié du 15e siècle. Les armes du « Graf von Commense » sont composées d’un sautoir de quatre feuilles (?) de gueules sur champ d’argent. Leur forme rappelle bien celle des otelles mais l’on distingue nettement les nervures du végétal de couleur automnale, inversée par rapport à l’écu original ! (fig.22)
Le second exemple apparaît dans une version peinte de l’armorial dit d’Urfé (cf supra note 29). Nous rappellerons que l’armorial original avait la particularité d’être seulement blasonné, c’est-à-dire sans image, avec les armoiries simplement décrites dans la langue du blason de la fin du 14e siècle. (fig.23)
Notre exemple se trouve donc dans une de ses copies (BNF ms fr 23077) dont les auteurs ont choisi d’ajouter aux blasonnements d’origine des représentations peintes des armoiries. Plus tard, ce manuscrit fut intégré à un volume relié pêle-mêle au 17e siècle.
Ici, l’erreur du héraut vient probablement d’une mauvaise lecture du mot « mandes » (pour amandes) ou de sa version occitane « amètlas/amètles » qui furent alors interprétés comme des « annelets ». Ainsi, l’auteur a peint un écu de gueules à quatre annelets d’argent, donnant une version inédite des armes commingeoises ! (fig.24)
De copies en copies, de telles erreurs pouvaient ainsi être multipliées, voire aggravées, comme ici dans l’Armorial Valenciennes composé en 1543, et qui reprend les annelets, mais en en ajoutant un cinquième au centre de l’écu !
Enfin, le dernier exemple est similaire et constitue une nouvelle preuve des difficultés qu’ont éprouvées les hérauts pour interpréter les armoiries de Comminges. Il se trouve dans un traité-armorial de la fin du 15e siècle (1484), conservé à la BNF sous la cote ms fr 14357. (fig.26)
Nous y lisons : « Le conte de Cominge porte de gueulles a IIII anble dargent ». Ici, le terme « mande » ou « amande » que nous avions rencontré dans les blasonnements a donné lieu à une interprétation alambiquée qui n’est pas sans nous poser quelques questions. En effet, les meubles représentés sur l’écu sont appelés des cornières45, sortes d’anses de chaudron stylisées, assez peu employées en héraldique. Mais on ne pourra comprendre la méprise du héraut que si l’on sait qu’en anglais, ce meuble est nommé « handle », terme qu’il aura francisé en « anble ». D’où cette figuration tout à fait unique des armes de Comminges…
Comtes de Comminges nommés par le roi.
Pour conclure cette première partie et bien qu’ils ne fussent pas du lignage de Comminges, nous évoquerons les armoiries des derniers comtes, nommés par le roi, qui jouirent du comté durant quelques années au cours du 15e siècle.
Le premier fut Jean de Lescun, dit Bâtard d’Armagnac46, qui reçut en 1461 le comté des mains du roi Louis XI qui le fit maréchal de France. Il était fils naturel d’Arnaud-Guilhem de Lescun, évêque d’Aire-sur-Adour et d’Annette d’Armagnac de Thermes. Il fut un personnage important de son siècle mais, du point de vue héraldique, nous ne conservons de lui que trois empreintes de deux sceaux différents, décrites par J. Roman sous les numéros 465 et 466 de son Inventaire des sceaux de la collection des pièces originales47. On y voit qu’il écartela les armes d’Armagnac avec celles de Comminges dans un « écartelé aux I et IV, contre-écartelé d’argent au lion de gueules (Armagnac) et de gueules au lion léopardé d’or (Rodez) ; aux II et III d’argent à la croix pattée de gueules à la bordure du même (Comminges) »48. Il mourut le 9 juin 1473.
Son successeur fut Odet d’Aydie49, fils d’une famille de la petite aristocratie béarnaise qui devint seigneur de Lescun et d’Esparros par son mariage en 1457 avec l’héritière Marie de Lescun. Ses intrigues autour de la couronne capétienne le menèrent à exercer différentes fonctions de premier plan et à obtenir du roi la promesse de recevoir le comté de Comminges à la mort du bâtard d’Armagnac. Mais finalement, ses manœuvres politiques et militaires le condamnèrent à perdre toutes ses charges et dignités en 1487 et il mourut en 1491.
Ses armoiries apparaissent dans un armorial peint du dernier quart du 15e siècle coté ms fr 24381 à la Bibliothèque Nationale de France (fig. 26). Elles présentent un « écartelé de gueules à quatre lapins superposés d’argent (d’Aydie) et d’un parti d’or à trois bandes de gueules (Lescun) et losangé d’or et de gueules (Esparros) ».
Son sceau (fig.28) appendu à un acte de 1486 et conservé dans la collection Clairembault sous le numéro 2697, confirme ce blasonnement tout en lui ajoutant un écusson en abîme dont la lecture reste malheureusement imprécise mais qui pourrait porter un chef.
Olivier Daillut-Calvignac
- Jean-Paul Argyriades, « A propos des armoiries des comtes de Comminges », Revue de Comminges, T.CVIII, 3e T 1993, et « L’évolution des armoiries des comtes de Comminges », Revue de Comminges, T.CXI, 1er T 1996. Patrice Cabau, « Un problème d’héraldique médiévale », bull.de l’année académique 2005-2006, séance du 18 avril 2006, M.S.A.M.F., tome LXVI, Toulouse, 2006, p.261-262 et surtout « Une double invention épigraphique d’Alexandre du Mège », M.S.A.M.F., tome LXXII, Toulouse, 2012, p.131-153.
- Pour cette partie, nous renvoyons le lecteur à l’ouvrage incontournable de Charles Higounet, « Le comté de Comminges de ses origines à son annexion à la couronne. », 1949, réédition L’Adret 1984 , p.17 et suivantes.
- Dodon de Samatan, troisième fils du comte Bernard 1er (av.1114-vers 1144), succéda à son frère Bernard II, mort avant 1153. Après son accession au titre comtal, il se fit appeler Bernard. Ses deux noms Bernard et Dodon apparaissent alternativement ou ensemble dans les actes. Pour plus de clarté, nous suivrons C. Higounet dans son choix de l’appeler Bernard III de Comminges.
- E. de Boos, « Dictionnaire du blason », Le léopard d’or, 2001, p.104-105.
- Les dictionnaires français consultés donnent au mot la signification de fer de lance ou d’amande. La seule hypothèse étymologique acceptable que nous ayons trouvée figure dans le « Dictionnaire des patois du Dauphiné. » de N.Charbot e H.Blanchet (p.206) où les auteurs font le lien entre le mot français « otelles » e l’occitan estèla, dérivé du latin astula pour désigner un éclat de bois ou de métal. La première occurrence du mot pour blasonner les armes de Comminges semble se trouver dans un traité du blason daté des environs de 1475 (BNF ms fr 24381 f°176v).
- Michel Pastoureau, Traité d’héraldique, 1979, p.198-204 et en particulier p.201.
- Patrice Cabau a fait une synthèse courte des discussions qui animèrent le milieu héraldiste du 17ème siècle autour de ce mot dans « Une double invention épigraphique d’Alexandre du Mège », M.S.A.M.F., tome LXXII, Toulouse, 2012, p.141.
- « La chanson de la Croisade Albigeoise », trad. H. Gougaud à partir de la transcription d’E.Martin-Chabot, Coll. Lettres Gothiques, p.514 laisse [209] l.85.
- Il pourrait néanmoins s’agir des armes allusives du seigneur Inard de Pointis.
- Une autre occurrence moins sûre apparaît dans la chanson (p.378 [187] l.65) dans le vers : « Las doas crotz vermelhas e l’ensenha comtals » que Gougaud attribut aux comtes de Toulouse et de Comminges.
- Arch. Nat., J 399, n°25 : soumission de B. de Marestanh, 14 septembre 1226 (original scellé du grand sceau du comte de Comminges, Douët d’Arcq, Inventaire…, n°593) puis J 620, n°9 : soumission de Bernard-Jordain de l’Isle (original scellé ; sceau pendant sus double-queue, Douët d’Arcq n°594).
- Les extrémités pattées des branches des croix du sceau n°594 sont bien visibles.
- Rien dans les légendes des sceaux ne permet de distinguer les deux comtes homonymes. Seule la référence à Dieu a changé de nature, ce qui est un élément de plus pour les datations différentes des matrices. Sur le sceau que nous attribuons à Bernard IV : S. B[ERNARDI DE]I GR[ACIA]… – … COMITIS CONVENAR[VM]. Sur celui de Bernard V : SIGIL[LVM]… [CONV]ENARVM. – DEVS IN ADIV[TORIVM… FESTI]NA. Le sceau du comte défunt était peut-être encore en usage dans la chancellerie comtale du fait de la volonté du jeune Bernard V d’assurer devant le roi, la légitimité de sa succession au comté face aux prétentions de sa demi-soeur Pétronille de Bigorre (Voir Higounet, Le comté de Comminges…, p.108-116).
- « L’évolution… », op.cité, p.9.
- Higounet, op.cité, p.58.
- Idem p.33.
- Ce prénom, non attesté par les sources conservées, a été avancé par le Père Anselme (T.II, p.630) et repris par J.de Jaurgain (« La Vasconie. », 1898-1902, t.II, p.312), sans qu’ils n’en donnent la source. Il est donc à prendre avec prudence.
- Les justifications de ces propositions généalogiques seront données plus loin aux chapitres correspondants à chaque branche.
- J-P Argyriades et P. Cabau ont déjà présenté les grandes lignes de l’histoire et de l’évolution des armoiries des comtes de Comminges. Nous nous contenterons donc d’apporter, quand nous le pourrons, les données nouvelles que nous avons pu recueillir ou les réflexions personnelles qui pourraient intéresser le lecteur.
- « L’évolution… », op. cité, p.7 et suivantes. L’auteur, s’appuyant seulement sur les illustrations présentes dans La Plagne-Barris, « Sceaux gascons du Moyen-Âge. », se laisse abuser par la qualité toute relative du dessin. Le recours aux originaux s’avère ici très important pour éviter des interprétations trop rapides ou erronées. La transition vers les otelles est bien plus tardive, comme nous le verrons.
- Les armoiries de Comminges présentes à la clé de voûte du transept détruit de l’église abbatiale d’Eaunes (32), inscrites dans un écu à pointe classique et datées de la seconde moitié du 13e siècle par P.Cabau, présentaient bien la croix pattée et la bordure. Voir P. Cabau, « Un problème… » op. cité.
- A-L Napoleone et alii, « L’hôtel de la famille de Gaillac ou Tour de Palmata (Gaillac, Tarn) » in Bulletin Monumental, tome 160, n°1, année 2002 – Les demeures urbaines patriciennes et aristocratiques (XIIe-XIVe siècles) pp.97-119.
- Certaines sources prétendent que les armes de Comminges furent primitivement d’une croix d’or sur champ de gueules. A notre connaissance, aucun document authentique peut confirmer cette assertion qui relève plus on dirait, d’une pure spéculation.
- BNF ms lat 9187 https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b105090434/f1.item ; ce manuscrit fut copié et enluminé pour le notable toulousain Pierre de Seilh entre 1295 et 1297. En plus des armes du commanditaire, nous y trouvons de nombreuses illustrations de type héraldique. Pourtant, leur qualité d’exécution est souvent médiocre et plus d’une présentent des aberrations héraldiques (émail sur émail, meubles indistincts…) ce qui explique probablement le traitement rapide réservé aux armes de Comminges qui sont les plus nombreuses. En revanche, nous n’avons pas d’explications particulières pour justifier de leur présence si importante dans ce manuscrit.
- Higounet, op. cité p.143-159.
- Ici aussi, comme dans la figure 7, la miniaturisation de la croix de Comminges dans l’espace réduit des quartiers de l’écartelé annonce déjà ce que seront les otelles au siècle suivant.
- https://art.thewalters.org/detail/31387/pricket-candlestick/
- Higounet, p.515-520 pour les détails sur la guerre qui s’en suivit en 1339.
- Idem p.520. Cette seigneurie s’étendait sur Saint-Féréol, Saint-Frajou, Anan, Castelgaillard, Aguessac, Mauvezin-de-Lisle, Coueillas et Mondilhan. Pierre-Raimond en fut investit avant 1312.
- Higounet, op. cité p.151.
- Même si ces lions doivent être probablement vus comme un rappel des armes de sa mère Laure de Montfort, ils se blasonnaient apparemment d’or comme l’indique l’Armorial d’Urfé vers 1380 : « Guy de comminges a IIII lions dor en trois telez armes [de Comminges]. » (copie du 15e siècle 15 BNF ms fr 32753, f°29r).
- Comme les deux derniers fils de Bernard VII : Arnaud-Roger (évêque de Lombez puis de Clermont) et Simon (évêque de Maguelonne).
- Higounet, p.142 (n.28).
- (ms. 0361, lien https://bvmm.irht.cnrs.fr/resultRecherche/resultRecherche.php?COMPOSITION_ID=10089).
- La couleur de la bande des armoiries de Pierre-Raimond Ier est hypothétique mais probable si on considère la fréquence d’utilisation de l’azur par rapport au sable ou au sinople dans l’héraldique médiévale.
- M.Pastoureau e M.Popoff, « L’armorial Bellenville », éditions du Gui, 2004.
- Il existe plusieurs copies de cet important armorial médiéval, malheureusement perdu, et qui comportait le blasonnement de milliers d’armoiries européennes du 14e siècle. Selon E.de Boos, la meilleure de ces copies serait contenue dans le manuscrit ms fr 32753 de la BNF. C’est sur celle-ci que nous nous sommes appuyés ici. Elle est consultable sur le lien Gallica suivant https://gallica.bnf.fr/ark:/12148/btv1b9063217v/f1.image.r=armorial%20universel%20du%20temps%20de%20Charles%20VII.
- Ms fr 32753, f°29r, « mandes » est écrit ici pour « amandes ».
- Effectivement, l’Armorial d’Urfé a servi de base à la création de nombreux armoriaux postérieurs qui en empruntèrent des parties entières. On peut citer, sans pouvoir être complets, les armoriaux Clemery (BNF ms fr 23076, vers 1550) et Le Blancq (BNF ms fr 5232, vers 1560) entre autres. Ainsi, les erreurs de l’original comme de ses copies, souvent fautives, essaimèrent dans de nombreuses bibliothèques héraldiques de l’époque.
- Sur tous ces événements tragiques qui menèrent à l’annexion du comté au domaine royal en 1454, voir Higounet, op.cité p.547-608.
- D’autres empreintes plus complètes ont été décrites dans J.Roman, « Inventaire des sceaux de la collection des pièces originales du cabinet des titres à la Bibliothèque Nationale. », tome 1, Paris, 1909, n°4651 (1428 e 1435).
- D’autres altérations d’armoiries à cause d’écartelés sont connues comme celle des armes des comtes de Rodez qui perdirent leur bordure ondée peu après leur association aux armes d’Armagnac dans l’écartelé de ces comtes.
- Voir supra, note 21.
- C.Derblay, « Les Comminges-Péguilhan. », in. Revue de Gascogne, nouv. Série, t.XXV, 1930, p.146, cite sans les démentir « les vieux chroniqueurs » qui affirmaient que le sautoir d’otelles et la devise avaient été choisis par les Comminges au moment de leur conversion au christianisme à la fin de l’Antiquité. Quant à l’adoption des quatre otelles blanches par Arnaud de Comminges-Couserans en souvenir de ses exploits à la bataille de Mansourah pendant la septième croisade, Philippe Cabau a parfaitement démontré qu’il s’agissait d’une légende fabriquée de toutes pièces dans la première moitié du 16e siècle (à lire sur le lien http://philippe.cabau.pagesperso-orange.fr/blason_du_couserans.htm). Nous y reviendrons quand nous aborderons l’histoire héraldique de la branche des vicomtes de Couserans.
- E. de Boos, Dictionnaire du Blason, Le léopard d’or, 2001.
- Voir à son sujet E. Johans, « Jean de Lescun (v. 1405-1473), Destinée politique d’un vrai bâtard, pseudo-Armagnac, au service du roi. » in Bâtards et bâtardise dans l’Europe médiévale et moderne, P.U.R., 2016 ainsi que Ch. Higounet, « Le comté… », p.616 à 618.
- J.Roman, « Inventaire des sceaux de la collection des pièces originales du cabinet des titres à la Bibliothèque Nationale. », Tome 1, Paris, 1909. On retrouve le premier sous le n°99 dans « Description des sceaux des familles seigneuriales de Dauphiné. », 2e édition, Grenoble, 1913.
- [1] Son frère, prénommé aussi Jean, fut archevêque d’Auch de 1463 à 1483 et porta lui aussi cet écartelé, brisé d’un bâton de sable. R.Bourse et I.Dufis, « Armorial de la Gascogne gersoise. », S.A.G., 2002, d’après le Père Anselme (T.VII, p.94)
- Sur ce personnage, voir Ch.Higounet, op. cité, p.618 à 621.